ooooo   Ray COONEY

 

 Ray Cooney

Né à Londres en 1932, dans une famille complètement étrangère au monde du spectacle, il devient acteur au moment de son adolescence. Il travaille avec différentes compagnies théâtrales en province, puis apparaît sur les scènes londoniennes du West End. Après quelques années, il ralentit sa carrière de comédien se contentant de créer certains rôles de ses propres pièces. Car, entre temps, Ray Cooney est devenu un auteur dramatique à succès puisque, seul ou en collaboration de Tony Hilton, John Chapman ou Gene Stone, il a écrit plus d'une douzaine de pièces, des vaudevilles pour la plupart, qui, outre en Angleterre, sont jouées dans le monde entier.

Ray Cooney a-t-il un secret ? Lorsqu'il a écrit une nouvelle pièce, il fait toujours un "essai" dans un théâtre de banlieue, loin des critiques londoniennes. Il joue le premier rôle pour prendre lui-même les réactions du public et il n'hésite pas à tailler dans le texte jusqu'à le réécrire complètement. Il est le maître du mécanisme infernal qui pousse des personnages ordinaires dans un engrenage d'événements de plus en plus extraordinaires. Un simple mensonge de départ déclenche une cascade d'autres mensonges, ce qui engendre un torrent délirant.

Citons, entre autre : One for the Pot ( Trois partout ) en 1961; Not Now Darling ( Le Vison voyageur ) en 1966; Move Over Mrs. Markham ( Le Saut du Lit ) en 1969; Run For Your Wife ( Double Mixte ) en 1983; Two Into One ( C'est encore mieux l'après-midi ) en 1984; Out of Order ( Panique au Plazza ) en 1990; It runs in the Family en 1992 et Funny Money ( Espèces Menacées ) en 1995.

Outre ses activités d'auteur et de metteur en scène, Ray Cooney est producteur de spectacles en Angleterre, aux Etats-Unis et en Australie, par exemples Whose Life is it Anyway ( Une drôle de vie ); Duet For One ( Duo pour un Soliste ); Children of a Lesser God ( Les enfants du silence )... un répertoire tout à fait différent de son écriture personnelle.

Ray Cooney ou le génie du rire

Ray Cooney est, sans conteste, « le roi du rire », non seulement du théâtre anglais contemporain, mais aussi de la scène internationale. À ce jour, ses pièces ont été jouées dans cinquante-deux pays et traduites en vingt-trois langues. On compte dans le monde plus de deux millions de représentations de ses œuvres. Londres voit triompher actuellement au Vaudeville Theatre sa pièce, Caught in the Net, suite encore plus hilarante de Run for your Wife, qui relate, sur fond d'Internet, les conséquences, dix-huit ans après, de la bigamie d'un chauffeur de taxi.

Un enfant de la balle

Ray Cooney eut une enfance heureuse dans une famille affectueuse et compréhensive qui encouragea sa passion du théâtre. Son père, charpentier, et sa mère, vendeuse, se rendaient fréquemment au spectacle, toujours accompagnés de leur fils. Dès l'âge de cinq ans, Ray n'eut plus qu'un désir : devenir comédien. Mais il dut attendre d'avoir quatorze ans pour quitter l'école et réaliser son rêve. C'est donc en 1946 qu'il fit ses débuts sur la scène, devenant ainsi un enfant-acteur prodige. Le vaudeville « à la Cooney », Ray l'a inventé en brûlant les planches quand il était adolescent.

Après son service militaire, en 1952, Ray Cooney fut embauché dans une compagnie de théâtre ambulant, The Midlands Productions. C'est dans cette troupe de saltimbanques qu'il fit son apprentissage et découvrit tous les secrets, toutes les ficelles de l'univers théâtral. Pour lui, le travail quotidien d'acteur itinérant consistait « le matin, à monter les décors et les éclairages. L’après-midi, à répéter la pièce qui devait être jouée le soir même. Le soir, à jouer la pièce. » Le reste du temps, c'est-à-dire entre la fin du spectacle et le début du travail du matin, il fallait apprendre le rôle de la pièce du lendemain et Ray Cooney d'ajouter : « J'ai tellement aimé cette vie et j'ai tellement appris avec The Midlands Productions que je suis resté deux ans dans la troupe. Depuis, rien ne me semble être du travail. » Puis, Ray Cooney compléta sa formation auprès de Brian Rix, alors directeur du Whitehall, théâtre spécialisé à Londres dans les spectacles de farces. À 24 ans, déjà acteur accompli, Ray Cooney eut la tentation de sauter le pas et de devenir dramaturge. L’occasion lui en fut donnée au théâtre de Whitehall, lorsque pendant quatre ans il joua une comédie où il n'apparaissait pas à l'acte II. Alors, pour tuer le temps dans sa loge, il s'amusait à griffonner quelques répliques, ébauche de sa comédie One for the Pot, qu'il ira créer, ou plutôt roder, au théâtre de Richmond.

Ray Cooney a pour habitude de jouer dans ses propres pièces, dont il est d'ailleurs presque toujours le metteur en scène. Il peut ainsi vérifier par lui-même, et si nécessaire rectifier, au quart de seconde près, le moindre de ses gags, l'effet comique sur les spectateurs de chacune de ses répliques. Voir le comédien Ray Cooney interpréter l'un de ses propres vaudevilles est un grand moment de théâtre, inoubliable, qui, à lui seul, mérite un voyage en Angleterre.

La Rolls Royce du vaudeville

Lorsque, après Richmond ou Windsor, l'une de ses pièces arrive à Londres, Ray Cooney sait exactement comment elle fonctionne et où se placent les rires. Cette technique de production est « une politique que nous appliquons toujours », dit-il, « car elle est payante. La pièce que nous jouons alors dans le West End de Londres est comme une Rolls Royce bien rodée dont on connaît tous les rouages ». C’est un produit de luxe, à la charpente solide et dont les finitions ont exigé des heures de mise au point. Ainsi, le premier acte, qui ne doit provoquer qu'une demi-douzaine de rires au plus, est toujours lent, « pour camper une vraie situation et faire vivre des personnages réels. Dans la deuxième partie, les spectateurs commencent à croire aux personnages et se mettent à rire ». Le rythme s'accélère. Dans toutes ses pièces, Ray Cooney aime placer « un personnage très banal dans une situation à laquelle il ne s'attendait pas du tout ». La scène devient « un brasier de quiproquos, de fausses pistes, de fausses identités. Les héros courent, zigzaguent et tombent immanquablement dans les bras des dernières personnes qu'ils auraient dû rencontrer ». Alors, pris de panique, ils improvisent n'importe quoi et le rire s'installe. « La farce est construite et jouée avec beaucoup de précision et de vérité, sans excès grotesque. Tout est prémédité et travaillé avec une telle subtilité que le public ne s'en aperçoit qu'après la représentation. » Cette technique a été souvent comparée à la célèbre « horlogerie » de Feydeau.

Dans la grande tradition de la farce anglaise, Ray Cooney est le fils spirituel du vaudevilliste Ben Travers (1886-1990), dont les Alwych Farces connurent un triomphe pendant les Années Folles et qui sont toujours jouées avec le plus vif succès. Le génie de Ray est d'avoir su inventer un comique spécifique, en apparence d'une simplicité élémentaire essentiellement gestuelle, qui le rend d'emblée et assurément intelligible à tous les spectateurs, quelle que soit leur origine nationale ou culturelle. Le théâtre de Ray Cooney s'exporte facilement car, dépassant les idiosyncrasies de son cadre d'origine, il atteint les ressorts universels du comportement humain.

Morceaux choisis du texte d’Hélène Catsiapis paru dans L’Avant-Scène, n°1103.

En 1976, avec Laurie Marsh, Ray Cooney crée la Cooney-Marsh Group, compagnie de théâtres privés qui dirige six théâtres à Londres et à New-York. En 1983, il fonde le Theatre of Comedy Company, une "Comédie-Anglaise" de théâtre privé regroupant une trentaine de vedettes importantes de théâtre, acteurs/actionnaires.

On dit qu'il n'y a jamais un soir où le rideau ne se lève sur au moins une "Cooney Farce" dans un des quatre coins du monde.