ooooo  MOLIÈRE (1622-1673)

 

 Naissance, au 93 de la rue Saint-Honoré, le 15 janvier 1622, de Jean-Baptiste Poquelin, futur Molière.
Il a 10 ans quand sa mère meurt, et, à 14 ans, il a déjà vu mourir trois de ses frères et soeurs. Son père est "tapissier ordinaire du roi ", son grand-père l'était aussi, et ce dernier emmène parfois le petit Jean-Baptiste au théâtre ou devant les tréteaux du Pont-Neuf, voir les pitreries des saltimbanques, contre l'avis de son père.

Il rentre au Collège des Jésuites de la rue Saint-Jacques, où les Pères utilisaient beaucoup le théâtre comme moyen pédagogique. Les élèves jouaient les pièces des auteurs antiques en latin et en grec.

C'est dans ces spectacles qu'il prend goût à la tragédie. Et, devenu comédien, il réclamera longtemps de jouer les héros de Tragédie plutôt que les personnages comiques. Comme les jeunes gens de son époque, Molière considérait que la tragédie était le plus haut des arts dramatiques. L'époque avait tourné le dos au mouvement baroque , pour entrer dans l'ère du classicisme français.

À la fin de ses études, Molière obtient ses diplômes d'avocat. Il rencontre une jeune femme, Madeleine Béjart, qui anime une troupe de théâtre. Il se joint à elle. Elle deviendra son "initiatrice théâtrale" et sa première femme. Ensemble, avec quelques compagnons, ils fondent L'Illustre Théâtre dont Jean-Baptiste Poquelin devient le directeur sous le pseudonyme de Molière. Après deux années d'insuccès et un séjour à la prison du Châtelet (du 2 au 5 août 1645) pour factures de chandelles non payées, ils partiront de Paris et entameront un voyage en province à partir de novembre 1645 et ce, pendant 13 ans.

De retour à Paris en 1658, Molière enthousiame le jeune Louis XIV, qui lui accorde la scène du Petit Bourbon qu'il partage avec Scaramouche, chef de file des comédiens italiens. Il y jouera ses premières farces et comédies écrites en province (L'Étourdi et Le Dépit Amoureux). Une compétition acharnée opposera les autres troupes de la capitale à celle de Molière. En 1659, il présente Les Précieuses Ridicules qui sera un véritable triomphe parisien. Il obtient du roi la salle du Palais Royal où il jouera, en alternance avec les comédiens italiens, jusqu'à sa mort.

Molière venait d'élever la comédie au niveau de la tragédie : il ne pouvait triompher sans s'attirer des ennemis.

Toute sa vie, Molière, à travers l'ensemble de ses pièces, va lutter contre la médiocrité, l'inculture, la niaiserie, la prétention de l'ensemble de ces personnages du siècle, qui, par le hasard de leur naissance, se conduisaient en despotes et en tyrans.

Pourtant, Molière allait enfin connaître sa revanche. L'écrasement des jansénistes, la mort de la reine mère et le soutien du roi lui ont permis de représenter au Palais-Royal Tartuffe ou l'Imposteur (5 février 1669) avec un très vif succès consacré par une cinquantaine de représentations dans l'année. Molière est alors le pourvoyeur des divertissements royaux. Ses dernières pièces seront influencées par le goût de Louis XIV pour les ballets, la musique, les spectacles délassants.

Face aux pouvoirs, l'attitude de Molière n'est pas ce qu'on pourrait appeler une opposition politique. Mais il a toujours combattu avec une passion souvent féroce les imposteurs et les trahisons de ceux qu'il considérait comme les ennemis les plus dangereux de la société de son temps.

Face aux attaques de toutes parts qui l'ont accablé durant toute sa vie, venant de l'Église, de l'aristocratie, mais aussi d'écrivains de son temps, il n'a brandi qu'une arme : le rire de ses comédies.

"L'affaire de la comédie est de représenter en général tous les défauts des hommes et principalement des hommes de notre siècle".
Le 17 février 1673, lors de la quatrième représentation du Malade Imaginaire, Molière est pris sur scène de convulsions. On le transporte rue de Richelieu où il meurt d'une hémorragie, ce même jour à 22 heures.

Grâce aux démarches auprès du roi et aux supplications d'Armande Béjart, sa deuxième femme, celui-ci demandera à l'archevêque de Paris, Monseigneur de Harlay, de délivrer une autorisation d'inhumer le corps de Molière. Mais malgré "l'autorisation restrictive" du permis d'inhumer, et contrairement à la légende, un cortège funèbre imposant accompagna Molière au cimetière Saint-Joseph.